Que de doux bruissements…
Que de doux bruissements dans les seigles jaunis,
De joyeux cris dans l’air, de soupirs dans les nids,
De murmures dans la vallée !
Que ce jour est propice aux rêves amoureux
Et comme il serait doux d’aller s’asseoir à deux
Sous l’ombrage de la feuillée !
Mais la nature hélas ! dans toute sa splendeur,
De l’oublié ne peut guérir le pauvre cœur
Dont la blessure est si vivace ;
C’est un abîme affreux que celui de l’oubli ;
C’est un labyrinthe où, vivant enseveli,
L’homme est perdu dans une impasse.
Que peut dans l’abandon tout l’éclat d’un beau jour ?
L’homme doit s’épancher, pour qui vit sans amour
Ce monde n’est qu’un champ aride ;
Si l’on ne sent pas battre un cœur contre le sien,
Si l’on n’est pas aimé, tout le reste n’est rien
Que dégoût, désespoir et vide.