Crépuscule
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Le soir, voici le soir. — Devant le crépuscule
La lumière affaiblie à chaque instant recule,
Le ciel perd sa couleur ;
Mais sur les bois dormants, sans rumeur, sans secousse,
La lune brille enfin, consolatrice douce,
Soleil de la douleur.
Le soir — Oh ! c’est alors que le long des charmilles
On entend se glisser le pas des jeunes filles,
Dans les molles saisons ;
C’est l’heure où la beauté que la foule embarrasse,
S’isole, et vient plus libre effleurer avec grâce
Le velours des gazons.
Le soir — Oh ! c’est aussi l’heure dont parle Dante,
Où l’airain qui s’agite émeut une âme ardente
Jusqu’à la déchirer ;
L’heure où le pèlerin que la fatigue gagne
Reprend haleine, et seul au flanc de la montagne
S’arrête pour pleurer.
J’aime le soir : oh ! j’aime et ces vapeurs en foule,
Et ce dernier faisceau de lumière qui croule
À l’horizon bruni.
C’est qu’une large route alors m’est révélée ;
C’est que de cieux en cieux ma muse échevelée
S’abreuve d’infini.
Mais j’aime mieux encor, quand la cloche m’appelle,
Glisser comme un fantôme au seuil d’une chapelle
Que je n’ose nommer :
Il est si beau d’ouïr la prière fervente
Aux lèvres d’une vierge, ange pur, fleur vivante
Éclose pour aimer !
Oh ! ce soir-là surtout, quand je te vis, mon ange,
Recueillie en ton cœur où règne sans mélange
Le Dieu dont il est plein,
T’agenouiller à l’ombre, et par un divin geste
Appeler les regards de ton Père céleste
Sur ce monde orphelin !
Oh ! je crus, transporté dans la vieille Solyme,
Entendre, avec l’accord d’une harpe sublime,
La voix d’Emmanuel.
Ce temple où ta belle âme éclatait tout entière,
Brilla comme une aurore, et je compris sur terre
Les extases du ciel !