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En avant ! En avant ! — La biche épouvantée
Cherche au fond des taillis sa retraite écartée.
Mais le bruit de ses pas la livre aux chiens ardents :
Le tumulte grandit et la meute s’élance,
Et le fracas des pins que l’aquilon balance
Se mêle à leurs cris discordants.
En avant ! en avant ! — Comme de sourds orages
Les cors ont retenti d’ombrages en ombrages ;
La meute se disperse ; en avant, chevaliers !
Le cor parle au chasseur d’audace et de victoire ;
Le cor, au fond des bois, est un appel de gloire
Qui fait bondir les destriers.
Or, venez, dames jalouses
Qui vouliez cacher vos traits ;
Approchez sur les pelouses,
Vos cavales andalouses
Vous attendront ici près :
Une ballade est si douce
Lorsqu’on l’entend sur la mousse.
En regardant les forêts !
Que vos tresses parfumées
Flottent librement ici :
Suspendez, dames aimées,
Vos voiles à ces ramées
Où brille un jour adouci :
Vous pourrez pleurer sans crainte
En écoutant la complainte
De monseigneur de Couci.
En avant ! en avant ! — Comme de sourds orages,
Les cors ont retenti d’ombrages en ombrages,
La meute se disperse ; en avant, chevaliers !
Le cor parle au chasseur d’audace et de victoire ;
Le cor, au fond des bois, est un appel de gloire
Qui fait bondir les destriers.
En avant ! — La foule armée
Se heurte, et chaque baron
Pousse à travers la ramée
Sa cavale ranimée
Par le fouet et l’éperon :
Le chasseur bondit comme elle.
Et son cri joyeux se mêle
Au cri rauque du clairon.
Écoutez : un bruit s’élève,
Le cerf tombe : quel concours !
Chaque bras saisit le glaive,
Mais aucun d’eux ne l’achève
Pour l’offrir à ses amours ;
C’est au plus noble de race
À frapper le coup de grâce.
C’est au sire de Nemours
Et tandis qu’élancés au milieu du bois sombre,
On voit fuir tour à tour et des limiers sans nombre,
Et les hardis piqueurs et les nobles barons ;
Et tandis qu’à l’écart les jeunes châtelaines,
Levant leurs bras d’ivoire abandonnent aux chênes
Les voiles qui couvraient leurs fronts ;
Voici qu’une main douce entr’ouvre avec mystère
La porte aux gonds massifs du château solitaire,
Du château qui s’élève au seuil de la forêt ;
Et belle, et sous l’ogive où le lierre se joue,
Dérobant à moitié les roses de sa joue,
Une blanche fille apparaît.
D’abord la vierge indécise
S’arrête et fixe les yeux ;
Elle craint d’être surprise,
Elle craint jusqu’à la brise
Qui soulève ses cheveux :
Elle hésite et puis s’élance,
Et l’herbe ploie en silence
Sous son pas aventureux.
Et bientôt moins inquiète,
Moins craintive, voyez-la,
Dans son vol que rien n’arrête,
Sourire à l’ombre discrète
Dont l’épaisseur la troubla :
Puis elle écoute, elle semble
À chaque feuille qui tremble
Demander s’il n’est pas là.
Un cri part : « C’est lui ! c’est elle ! »
Et bientôt, pour le mieux voir,
Voici que la jeune belle
Qu’un tendre sourire appelle,
Sur le gazon va s’asseoir ;
Et les aveux se répondent,
Et les regards se confondent :
Que de bonheur jusqu’au soir !
Et maintenant grondez, ô fanfares guerrières,
Grondez au fond des bois, dans les vastes clairières ;
Ici chaque rumeur vient mourir à son tour ;
Ici, loin de la chasse et des meutes fumantes,
Le cor a des soupirs et des plaintes charmantes,
Ici le cor parle d’amour.