la Chanson de notre reine Anne
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- Sône
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- Rêve
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- le Chapelet d’angoisse
- le Temps des saintes
- la Chanson de notre reine Anne
Pedit ar Santez Anna vat,
Hag ho pezo sur ho mennad
Priez Sainte Anne-la-bonne
Et sûrement votre voeu sera exaucé.
Nous vous avons appelée Anne.
Plus grande, je vous conterai
Combien douce, au pays de Vanne,
Fleurit Anne, la fleur d’Auray.
Quand vous serez encor plus grande,
En juillet, au temps du ciel bleu,
Nous vous mènerons par la lande
A la grand’mère du bon Dieu.
Et vous verrez vers sa filleule
La vieille Sainte Anne venir,
Et sur vous ses doigts fins d’aïeule
Se poseront pour vous bénir.
Par la vertu d’Anne-la-Bonne,
Vous serez dans votre maison
La fleur d’ajonc, la fleur bretonne,
Qui fleurit en toute saison.
Si nous dormons alors sous terre,
Où s’appuyèrent nos genoux,
A Sainte-Anne, au pays austère,
Priez en souvenir de nous…
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Nous vous avons appelée Anne.
Vous avez les yeux fins et beaux,
Comme la reine-paysanne,
Comme la « Duchesse en sabots ».
Comme elle, d’une amour profonde,
Aimez la terre des aïeux !
Il n’en est pas une autre au monde
P!us digne d’enchanter vos yeux.
La Bretagne, hélas ! roule et tangue
Comme un navire avarié !
Priez pour elle, dans la langue
Où pour vous nous avons prié.
Et, quand vous irez, déjà femme,
Mûre pour les doux abandons,
Avec l’épousé de votre âme,
Le long des chemins de pardons,
Laissez la fougère embaumée
Vous dire dans les chemins verts :
« Votre mère ici fut aimée ;
« Votre père ici fit ces vers !
« Il les fit en parler de France,
« Mais son cœur fut breton toujours ;
« Bretonne aussi son espérance ;
« Bretonnes surtout ses amours ! »
Enfant, Dieu vous donne de vivre
Pure de cœur, grave d’esprit !…
Ce mot, le dernier de ce livre,
C’est votre mère qui l’écrit.