Marguerite
- À Brizeux
- le Chant du pilhaouer
- les Feux de la Saint-Jean
- le Combat des Trente
- Avant et après les noces
- À elle
- Vechoëvus, légende de Cornouaille
- la Chanson du blé noir
- le Hollaïka
- le Soir
- la Chanson de l’abeille
- Magdalena
- Grallon le Grand et Corentin le Petit
- les Pilleuses de mer
- le Mal du pays
- Tristesse douce
- l’Angélus aux champs
- Ouessant
- l’Homme de fer
- Saint Sesny
- les Fleurs virginales
- Tom
- Soir d’automne en Kerne
- Lez-Breizh
- le Lierre
- Chœur des croisés
- Salaün ar foll
- Immortalité
- le Vieux chouan
- la Chanson de la mariée
- la Nuit des morts
- Souvenirs de régiment
- le Kreisker
- le Coutelas
- Danses après la moisson
- la Croix de fleurs
- Le Mang
- Chœur des vagues
- Crépuscule
- Marie
- les Petits cailloux
- Au duc Jean
- À la bonne duchesse
- Soir d’été
- Monastères et châteaux
- Marguerite
- Madenus
- les Feux de Saint-Pierre
- les Mobiles d’Arvor
- Mélancolie
- Sous la Terreur
- Salut à la mer
- la Grande cheminée
- les Pierres de Carnac
- la Procession
- Sehnsucht allemande
- les Vaches
- le Vieux château
- la Fête des âmes
- la Weladenn
- le Loup d’Hervé
- le Charivari
- Contraste
- la Moisson de Dieu
- Clair de Lune
- Sainte Anne d’Auray
- les Lucioles
- Submersion d’Is
- Avant et après Jésus
- le Jardin des Morts
- Encore une Sehnsucht
- le Vaisseau et le phare
- Soleil couchant
- le Commencement et la fin
- les Korrigans
- la Chanson des Grillons
- Dogme
- Épilogue
L’absence est le plus grand des maux.
Jean de la Fontaine
« Oh ! ne fuis plus. Demeure en ces lieux pour toujours,
« Afin qu’auprès de toi de longs et d’heureux jours
« Enchantent mon adolescence.
« Reste, et que ton amour grandisse dans mon cœur ;
« J’ignorais son pouvoir merveilleux et vainqueur,
« Je l’ai connu par ton absence.
« Je l’ai connu le jour où tu quittas nos bords ;
« Heureuse, je n’avais éprouvé jusqu’alors
« Ni les tourments ni les alarmes ;
« Mais quand ta voix, de loin, répondant à ma voix,
« Me dit un long adieu pour la dernière fois,
« Mes yeux se remplirent de larmes.
« Depuis ce triste jour, j’ai pleuré, j’ai souffert,
« Oh ! si j’avais pu fuir sur l’Océan désert,
« Si Dieu m’avait donné des ailes !
« Mais les barques partaient et ne m’emmenaient pas ;
« Je restais sur le bord, seule, et pleurant tout bas
« De ne pas m’enfuir avec elles.
« Lorsque, se reflétant au bleu miroir des eaux,
« Elles prenaient leur vol, comme un essaim d’oiseaux,
« Au lever de la fraîche aurore,
« Je regardais, là-bas, à l’horizon lointain,
« Si ta voile, brillant sous les feux du matin,
« Ne nous arrivait pas encore.
« J’enviais les pêcheurs qui partaient pour la mer.
« J’aurais trouvé, je crois, mon chagrin moins amer,
« En suivant leur course intrépide ;
« J’enviais le bonheur des heureux matelots
« Qui peut-être allaient voir, avant moi, sur les flots
« Revenir ton vaisseau rapide.
« Oh ! ne fuis plus. Demeure en ces lieux pour toujours,
« Afin qu’auprès de toi de longs et d’heureux jours
« Enchantent mon adolescence.
« Reste, et que ton amour grandisse dans mon cœur ;
« J’ignorais son pouvoir merveilleux et vainqueur,
« Je l’ai connu par ton absence.
« Vois, le soleil rayonne et le printemps sourit ;
« Tout a repris un air de gaîté ; tout fleurit ;
« On entend des chants dans l’espace,
« Et là-bas, étalant son teau feuillage vert,
« Un jeune chèvrefeuille aujourd’hui s’est ouvert
« Au pied d’un chêne qu’il embrasse.
« Ses fleurs, sans le soutien de l’arbre protecteur,
« Perdraient leur pur éclat et leur fraîche senteur.
« Je suis la plante, sois le chêne ;
« Laisse à mon pauvre cœur l’appui de ton amour,
« Ne fais pas succéder aux douceurs du retour
« Une déception prochaine. »
Ainsi, près d’un esquif sur les flots balancé,
Marguerite la blonde a son brun fiancé
Confiait ses longues alarmes ;
Et comme un reflet d’or du soleil triomphant
Qui brille dans la pluie, un sourire d’enfant
Rayonnait à travers ses larmes.