Tom
- À Brizeux
- le Chant du pilhaouer
- les Feux de la Saint-Jean
- le Combat des Trente
- Avant et après les noces
- À elle
- Vechoëvus, légende de Cornouaille
- la Chanson du blé noir
- le Hollaïka
- le Soir
- la Chanson de l’abeille
- Magdalena
- Grallon le Grand et Corentin le Petit
- les Pilleuses de mer
- le Mal du pays
- Tristesse douce
- l’Angélus aux champs
- Ouessant
- l’Homme de fer
- Saint Sesny
- les Fleurs virginales
- Tom
- Soir d’automne en Kerne
- Lez-Breizh
- le Lierre
- Chœur des croisés
- Salaün ar foll
- Immortalité
- le Vieux chouan
- la Chanson de la mariée
- la Nuit des morts
- Souvenirs de régiment
- le Kreisker
- le Coutelas
- Danses après la moisson
- la Croix de fleurs
- Le Mang
- Chœur des vagues
- Crépuscule
- Marie
- les Petits cailloux
- Au duc Jean
- À la bonne duchesse
- Soir d’été
- Monastères et châteaux
- Marguerite
- Madenus
- les Feux de Saint-Pierre
- les Mobiles d’Arvor
- Mélancolie
- Sous la Terreur
- Salut à la mer
- la Grande cheminée
- les Pierres de Carnac
- la Procession
- Sehnsucht allemande
- les Vaches
- le Vieux château
- la Fête des âmes
- la Weladenn
- le Loup d’Hervé
- le Charivari
- Contraste
- la Moisson de Dieu
- Clair de Lune
- Sainte Anne d’Auray
- les Lucioles
- Submersion d’Is
- Avant et après Jésus
- le Jardin des Morts
- Encore une Sehnsucht
- le Vaisseau et le phare
- Soleil couchant
- le Commencement et la fin
- les Korrigans
- la Chanson des Grillons
- Dogme
- Épilogue
Le chien, c’est la vertu
Qui ne pouvant se faire homme, s’est faite bête ;
Et Ponto me regarde avec son œil honnête.
Victor Hugo
Le vieux Tom était sourd ; sa vue était usée ;
Sa patte se traînait comme paralysée.
Impotent, presque aveugle et n’entendant plus rien
A la voix de son maître il n’était plus docile ;
Celui-ci, le trouvant désormais inutile,
Résolut d’en finir avec le pauvre chien.
Un jour donc, tous les deux, au lever de l’aurore
Quittèrent la maison où l’on dormait encore.
Quand ils furent perdus dans le fond des grands bois
Le maître s’écarta, puis d’une main tremblante
Déchargea son fusil : l’herbe devint sanglante
Et Tom ferma les yeux pour la dernière fois.
Alors le meurtrier, mécontent de son crime,
Dans un regard d’adieu contempla sa victime
Et s’en revint, pensif, par un autre chemin.
Or, comme il attendait devant la porte close
Il sentit près de lui remuer quelque chose,
Et Tom, presque mourant, vint lui lécher la main.
Soumis et dévoué jusqu’à la dernière heure,
Il venait expirer dans l’ingrate demeure
D’où son maître cruel voulait le retrancher ;
Mais celui-ci resta stupéfait et sans armes,
Et l’on dit qu’il couvrit de baisers et de larmes
Le vieux chien dont l’amour avait su le toucher.
Un sage traitement referma la blessure ;
Tom vécut de longs jours encor, et l’on assure
Que son maître entoura sa vieillesse de soins.
Le chien, sans calculer, nous donne sa tendresse.
Dans la foule d’amis qui près de nous s’empresse
Il n’est jamais celui qui nous aime le moins.
Si l’aveugle fortune un jour nous est funeste,
Tous savent nous quitter : pas un seul ne nous reste ;
Nous les invoquerions en vain à deux genoux ;
Mais le bon chien nous suit et demeure fidèle.
Que la misère vienne, il n’a jamais peur d’elle ;
Il nous aime toujours et meurt auprès de nous.